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Etude LAPAS-SYNAVI-SYNDEAC 2024 : Impact de la crise sur la réalité des équipes artistiques
Source : SYNDEAC, Syndicat National des Entreprises Artistiques Culturelles / SYNAVI, Syndicat National des Arts Vivants
Crise de la diffusion et fragilité croissante des compagnies artistiques indépendantes : les enseignements de l’étude LAPAS-SYNAVI-SYNDEAC
Dans un contexte budgétaire alarmant pour le service public et d’intérêt général du spectacle vivant, le SYNDEAC - Syndicat National des Entreprises Artistiques Culturelles - et le SYNAVI, Syndicat National des Arts Vivants, ont décidé d’engager en 2024 un partenariat avec LAPAS - L'Association des Professionnels de l’Administration du Spectacle - afin de contribuer à la mise en œuvre du second volet de son étude : IMPACT DE LA CRISE SUR LA RÉALITÉ DES ÉQUIPES ARTISTIQUES : CRÉATION, DIFFUSION, EMPLOI. Basée sur les réponses de 315 structures artistiques, les résultats de cette étude dressent un portrait chiffré de la situation des compagnies artistiques indépendantes en France et mettent en lumière une précarisation croissante du secteur, une baisse généralisée de la diffusion des œuvres ainsi qu'une forte disparité territoriale et économique.
Un paysage artistique paritaire et pluridisciplinaire
Parmi les compagnies ayant répondu à l'enquête, la répartition par genre des directions est presque paritaire : 135 sont dirigées par des hommes, 132 par des femmes, et 48 par des collectifs mixtes ou non genrés. Le théâtre domine le paysage artistique (63 %), suivi de la danse (26 %), de la musique (18 %), des arts de la rue (17 %), et de la marionnette (11 %). Les compagnies sont réparties sur tout le territoire, avec une forte représentation en Ile-de-France et dans les Pays de la Loire.
Une majorité de structures non conventionnées
Deux tiers des compagnies ne bénéficient pas d’un conventionnement
DRAC, bien que 71 % reçoivent des subventions du ministère de la Culture et 91 % des collectivités territoriales. Une proportion significative reste pourtant hors des réseaux syndicaux : 127 structures ne sont adhérentes à aucun syndicat.
Budgets de création : légère progression mais fortes inégalités
Les budgets de production ont globalement progressé entre la période pré-COVID et aujourd’hui, passant de 43,9 à 57,2 millions d’euros. Toutefois, l’augmentation moyenne par équipe reste modeste. Les grandes disparités demeurent : les compagnies avec des budgets dépassant 200 000 € accaparent à elles seules plus de 70 % du budget total.
Diffusion en chute libre
Le constat le plus alarmant concerne la diffusion. Le nombre moyen de dates par compagnie est en net recul : en six ans, la part des compagnies diffusant moins de 20 dates par an a augmenté de 56 %, tandis que toutes les autres tranches (20-50, 50-100, +100 dates) reculent d’environ 30 %. Les compagnies non conventionnées sont les plus touchées, tout comme les femmes artistes, qui voient leur nombre de dates chuter plus brutalement que leurs homologues masculins.
Réseaux de diffusion inégalement accessibles
Les compagnies conventionnées et travaillant avec des lieux labellisés s’en sortent mieux. Mais elles restent minoritaires : en 2023-2024, seules 15 % des compagnies tournent à plus de 50 % dans des lieux labellisés. La majorité diffuse dans des réseaux plus fragiles (Avignon Off, théâtres privés, international hors-Europe).
Professions administratives : sous pression
L’étude dresse également un état des lieux du personnel administratif. Majoritairement composé d’intermittents (63 %), ce secteur souffre d’une charge de travail élevée, souvent éclatée entre plusieurs compagnies. Un tiers des répondants déclare envisager une réduction d’activité, voire un arrêt, si la situation ne s’améliore pas.
Conclusion : un appel à l’action
L’étude révèle une dégradation systémique du tissu artistique indépendant. Si la création reste vivace, la diffusion, pierre angulaire de la rencontre avec le public, est en crise. Face à cela, les acteurs du secteur appellent à une refonte des politiques de soutien, une meilleure reconnaissance du travail artistique et une valorisation équitable de toutes les formes de création.