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Face aux baisses de financements, les associations culturelles s’adaptent : l’hybridation des ressources comme levier de résilience
Source : INJEP - Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire / IFMA - Institut français du monde associatif
À l’heure où la baisse des subventions publiques fragilise l’ensemble du tissu associatif culturel, une étude publiée fin 2024 par l’INJEP (Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire) et co-financée par l’IFMA (Institut français du monde associatif) met en lumière les stratégies de survie adoptées par les associations artistiques et culturelles. Intitulée « Faire face aux difficultés de financement », elle documente le phénomène croissant d’hybridation des ressources, qui va bien au-delà d’un simple rééquilibrage financier.
Une baisse structurelle des subventions publiques
Entre 2005 et 2020, la part des subventions publiques dans le budget global des associations est passée de 34 % à 20 %. Dans le même temps, les commandes publiques ont progressé de 17 % à 29 %, renforçant la logique de marché au sein du financement associatif. Face à cette mutation, les associations doivent multiplier les dossiers, candidatures à des appels à projets, et s’adapter à une mise en concurrence croissante, souvent au détriment de leur cœur de mission.
L’hybridation : une réponse à géométrie variable
L’étude définit l’hybridation des ressources comme l’articulation de sources multiples, de nature publique, marchande, privée (mécénat) ou encore non monétaire (bénévolat, entraide locale, services en nature…). Cette stratégie permet aux structures culturelles :
de diversifier les échelles de financement (locales, régionales, nationales, européennes),
de développer des activités économiques complémentaires (prestations, billetterie, ateliers, location de matériel…),
de mobiliser des formes de solidarité territoriale (ex : hébergement d’artistes chez l’habitant, mutualisation de lieux ou compétences).
La réciprocité au cœur du modèle
L’un des enseignements les plus novateurs du rapport est la réhabilitation de la réciprocité comme mode central d’échange, aux côtés des logiques marchandes et redistributives. Les associations étudiées s’appuient sur des réseaux de confiance et des relations sociales denses avec leur territoire, renforçant leur ancrage local et leur légitimité sociale.
Cette réciprocité irrigue :
les formes de gouvernance (ouverture du conseil d’administration à une diversité de parties prenantes, renforcement des dynamiques participatives),
les modes d’action (entraide, engagement militant, partage de savoirs, organisation non hiérarchique).
Une hybridation qui n’éloigne pas les associations de leur mission
Contrairement aux craintes fréquemment exprimées dans la littérature, aucun des cas étudiés ne montre un éloignement de la mission associative. Bien au contraire : cette diversification, bien encadrée, consolide la
fonction sociopolitique des associations et leur rôle dans la démocratisation culturelle, en particulier dans les territoires les plus vulnérables (quartiers populaires, zones rurales).
Une recherche-action ancrée dans le terrain
L’étude s’appuie sur une méthodologie qualitative et participative, menée auprès de quatre associations artistiques implantées en région Sud (deux en milieu rural, deux en milieu urbain). Leurs parcours témoignent de la richesse des formes d’hybridation possibles, mais aussi des enjeux communs : complexité administrative, fragilité des modèles économiques, mais aussi agilité, créativité et solidarité territoriale.
Pour une reconnaissance politique de la réciprocité
Enfin, le rapport appelle à ne plus invisibiliser la contribution des logiques de réciprocité dans les modèles économiques des associations. Trop souvent absente des cadres d’analyse institutionnels, elle constitue pourtant un levier crucial de résilience, d’innovation sociale et de renouvellement démocratique.